La faute

PIPERNO Alessandro

Il raconte ses souvenirs d’enfant pauvre, à l’époque où il est un « petit animal incapable de concevoir d’autres monde que la cage dans laquelle il vit reclus ». Son père, colosse vigoureux, beau parleur couvert de dettes, a de graves différends avec Gabriella, sa mère, professeure de mathématique austère au passé totalement occulté. Lorsque qu’ils sont invités à un Seder de Pessah (le dîner qui conclut la Pâque juive) l’enfant découvre avec stupéfaction que sa mère appartient à la très riche et bourgeoise famille juive des Sacerdoti.

Alessandro Piperno (Là où l’histoire se termine, les Notes septembre 2017) ordonne son récit en sept chapitres. Trois sont consacrés à l’enfance, trois à l’adolescence du narrateur. Entre les deux, le quatrième, Breakfast in America, marque le moment crucial de l’abandon du cocon familial et du passage du jeune garçon dans un autre monde, celui de l’adolescence et de la famille juive. Tout au long de son monologue, le héros découvre avec fascination et effarement la lignée dont il est issu. Mêlant réflexion sur la judéité, ambiguïté des sentiments, sensibilité exacerbée, l’auteur éclaire avec un humour féroce les vicissitudes qui ont fait de son héros un adulte obsédé par les souvenirs et les fantômes, empêtré dans ses mensonges, ses reniements, hanté par une faute inavouable. Au cœur de ce roman d’apprentissage kaléidoscopique, remarquablement écrit et construit, un thème central : la famille aussi primordiale que mortifère. (C.P. et A.M.)