Un homme et une femme, tous deux sortis brutalement par le dépouillement de leurs biens matériels du traintrain d’une vie quotidienne dont ils ressentaient la vacuité, se croisent dans un bureau de gendarmerie provincial. Elle, plus jeune, artiste, se sent immédiatement attirée par cet homme, un chercheur, au comportement étrange. Retournant dans le territoire de leur enfance pour renouer avec leurs familles oubliées, ils finissent, un peu grâce à elles, par découvrir qu’ils étaient irrémédiablement faits l’un pour l’autre. Ce faisant, ils élucident l’énigme du portrait inachevé de la grand-mère de la jeune femme et les origines de son père.
Abandonnant la brièveté de ses deux derniers livres (La fiancée juive, N.B. juil. 2008), Jean Rouaud reprend longuement ses thèmes favoris : le passé, l’attachement à ses racines, l’amour vrai, la poésie, le mystère des peintures des cavernes. Une avalanche de mots, de longues phrases, de pages, trace un parcours sinueux, marqué de raccourcis et retours, pour raconter une simple histoire d’amour. Une occasion de manifester, avec de nombreuses références à ses ouvrages précédents, son rejet de la société matérialiste, sa nostalgie des valeurs traditionnelles, et son intérêt pour le genre humain et les destins insolites.
P.B. et M.Ma.