Valentin est de retour du Nicaragua ; sa première visite est pour celle qu’autrefois il appelait « maman ». Comment peut-elle se comporter et reconnaître dans l’homme de trente ans l’enfant dont elle s’est occupée, toute jeune femme, une année durant et qui ne fut jamais le sien ? D’elle, il attend qu’elle dise qui elle était, qui ils étaient ensemble pendant un hiver puis un été à Berlin. Elle découvre leur soudaine proximité et laisse avec prudence le passé réapparaître… Sur le thème de la mémoire et de l’oubli, de la perte et du manque, Anne Brécart, auteur suisse, se penche sur la maternité, qu’elle soit refusée, apprivoisée ou abandonnée. Elle observe avec tendresse le lien qui se noue et se dénoue entre la mère et l’enfant, la bienheureuse dépendance de l’un à l’autre et la transformation d’une vie jusqu’alors sans ancrage réel. Une vie sans appartenance, portée par le rêve, menacée par l’incertitude, comme « écartée » de soi en une réalité cependant rassurante. L’écriture simple, tout en finesse, où transparaît une grande sensibilité, enchante la nature, poétise l’espace et rapproche hier d’aujourd’hui. Parfois répétitive sans toutefois être lassante, elle accompagne ce récit intime, très personnel, au goût « âpre », mais où s’épanouit un bonheur singulier certes, néanmoins captivant.
La Femme provisoire
BRÉCART Anne