La Féroce

Un soir, un chauffeur routier est gravement blessé en voulant éviter une jeune femme nue et ensanglantée errant sur la route. On la retrouve plus tard suicidée au pied d’un immeuble. Comment et pourquoi Clara, fille d’un riche promoteur immobilier de Bari, connue pour une vie privée ravagée par la drogue et une sexualité débridée, en est-elle arrivée là ?  Nicola Lagioia, enfant des Pouilles, poursuit son autopsie d’une Italie du Sud en proie à la corruption (Case départ, NB juin 2014). Il dénonce, à travers l’activité douteuse du père de Clara, les scandales immobiliers qui minent son pays. Une atmosphère sordide sous les dehors d’une réussite dont la mort tragique de Clara n’altèrera même pas le cours, tisse une toile vénéneuse avec un réalisme qui soulève le coeur. Il en est de même pour le portrait au vitriol de la famille dont la prospérité affichée cache drames affectifs, dérèglements et non-dits ravageurs. La peinture fine et juste de chacun se colore douloureusement à l’évocation de la relation fusionnelle et trouble de Clara avec son demi-frère dépressif. Tout cela est fort bien orchestré dans un roman talentueux au goût de cendre.  (L.K. et M.Bi.)