Zawa suit une formation de pilote de chasse dans l’armée japonaise en 1945, alors que les B-29 américains détruisent les villes, les ports, les usines. Sa fiancée, Baïka, anglophone recrutée par les services secrets du ministère de la Marine, intercepte les messages de détresse des porte-avions frappés par les avions kamikazes. Zawa décrit à son frère étudiant, qui s’est engagé à épouser Baïka après son « Jibaku » (suicide par bombe), les rituels de la préparation des volontaires. L’éducation occidentale de l’empereur Hiro Hito se heurte à la rigidité jusqu’au-boutiste des militaristes au pouvoir. À travers une réflexion sur l’esprit de sacrifice et la tradition de l’honneur, base de la combativité et de l’esprit guerrier des anciens samouraïs, Jean-Jacques Antier évoque l’extrémisme et l’obstination démesurée des membres du gouvernement qui ont refusé tout compromis et ont mené le Japon à l’anéantissement. Historien, biographe (C. G. Jung : l’expérience du divin, NB août-septembre 2010) et spécialiste de l’histoire maritime, il reconstitue avec une minutie rigoureuse et une dramaturgie ténébreuse chaque étape de cette stratégie tragique totalement nouvelle dans les batailles aéronavales du conflit américano-japonais. En filigrane la romance forte et discrète, claire et obstinée, des deux héros égraine les notes d’une foi possible dans la vie.
La fiancée du kamikaze
ANTIER Jean-Jacques