La fiancée prussienne. (nouvelles).

Dans la Prusse-Orientale des années quarante se côtoient des Russes, Polonais et Allemands aux lourds passés. Derrière le quotidien d’habitants esseulés, mortifiés, alcooliques ou malades, le fantasme du paradis perdu prévaut. Les personnages de Iouri Bouïda, aux noms évocateurs, sont à la fois grotesques et touchants par leur maladresse et leur solitude. La nature évoquée est splendide mais toutes les vies de ces saynètes semblent sacrifiées. On reconnaît le talent baroque, le style imagé et poétique de l’auteur russe de Yermo (NB mai 2002). Ce recueil de nouvelles est empreint de noirceur et de froideur : les personnages récurrents subissent, se résignent ou violentent leurs proches et maudissent leur sort. Les souvenirs du passé prussien sont traqués et mystifiés, et si la femme a une place discrètement centrale dans cet ouvrage, son quotidien n’en est pas moins celui d’une… esclave. Ce recueil dense, s’essoufflant un peu à la fin, laissera au lecteur féru de caractères russes un sentiment d’intemporalité.