Elles sont trois. Trois soeurs qui ont grandi sans leur mère, décédée dans leur petite enfance ; trois femmes que la vie a un peu éloignées et qui cherchent ce qui demeure de leurs passions enfantines ; trois filles face à leur père quand, dans la maison familiale, le jour des trente-huit ans d’Irène, celle qui a remplacé leur mère, leur assène de colère et de désespoir, un secret jusque là préservé !
Ce livre intimiste, qui jauge le deuil à l’aune des attitudes, sait dire les souvenirs autant que la culpabilité de ne pas en avoir. L’écriture y est feutrée et les mots, comme suspendus, flottent dans les consciences. Anne Berest sonde le coeur féminin, plonge et refait surface entre enfance et quotidien, dénoue les rancunes enfouies, dépeint avec finesse les rapports si particuliers qui unissent des soeurs. Rien ne vient altérer la maîtrise de ce premier roman, si juste et si troublant.