La fin

BARTIS Attila

Hongrie, 1956, aprĂšs la rĂ©pression de la rĂ©volte contre le rĂ©gime imposĂ© par Moscou. Quand revient son mari aprĂšs trois ans de prison pour activitĂ©s anticommunistes, la mĂšre du petit AndrĂĄs Szabad se suicide. Meurtris, l’enfant et son pĂšre vont s’installer Ă  Budapest oĂč cet ancien professeur, interdit d’enseignement, travaille en usine. Plus tard, AndrĂĄs arrĂȘte ses Ă©tudes. Soucieux de lui ouvrir une perspective, le pĂšre offre Ă  son fils un Leica. C’est le dĂ©but d’une carriĂšre qui va se forger entre contraintes et passion.

Dans l’ombre portĂ©e d’un rĂ©gime totalitaire, comme dans un « kalĂ©idoscope » aux multiples nuances de gris, des dizaines de petites scĂšnes sensibles, denses, sombres, sans ordre chronologique, offrent Ă  la lecture les divers reflets de la vie d’AndrĂĄs. Cette construction est propre Ă  Attila Bartis (Promenade, Les Notes mars 2009). Ici, la vocation du hĂ©ros-narrateur, le photographe qui va devenir artiste dans une sociĂ©tĂ© trĂšs contrĂŽlĂ©e, est dĂ©crite de l’enfance Ă  l’ñge adulte sur de nombreux plans – amour, ruse, colĂšre, indĂ©pendance, crĂ©ativité  – qui coexistent sous une forme romanesque dĂ©stabilisante car aucun d’eux n’est central. Tous pourtant renvoient implicitement au malentendu entre les hommes, surtout les plus proches, et renforcent jusqu’à l’absurde l’obsession farouche de rester soi dans une sociĂ©tĂ© kafkaĂŻenne. Difficile, parfois pesant, ce roman sort cependant magnifiquement de l’ordinaire comme une suite alĂ©atoire mais captivante d’instantanĂ©s humains. (A.Lec. et A.K.)