Turin, de nos jours ou presque, juste avant l’apocalypse. Nombre d’habitants perdent la mémoire, deviennent fous ou disparaissent. La production est désorganisée, les magasins sont vides, les rues dangereuses. Les nantis sont ceux qui ont réussi le TEST, épreuve parfaitement arbitraire. Il leur est facile d’éliminer les vieillards inutiles, mais s’attaquer aux cerveaux pour mieux les contrôler est plus délicat. Les effets sont rapidement dévastateurs et le pouvoir ne maîtrise plus le chaos et les foyers de révolte. Pourtant un professeur, Giovanni Ceresa, tente de lutter contre l’amnésie et de retrouver sa vie en tenant son journal. Mais est-il aussi libre qu’il le croit ? Dans son deuxième roman, l’auteur fait la caricature des dérives de notre société où sont en germe tous les symptômes du mal turinois : la suprématie des diplômes, la manipulation par les médias, la désagrégation du lien social remplacé par des ersatz (portable, télévision), la focalisation sur un présent sans passé ni avenir et l’extrême violence. Dans un style elliptique très maîtrisé, s’éclaire progressivement un tableau futuriste terrifiant. Mais le schéma narratif, très nettement inspiré par 1984 de G. Orwell, n’évite pas les répétitions. Certaines révélations arrivent un peu tôt et affaiblissent le suspense.
La fin des jours
DE ROMA Alessandro