Comment expliquer le déchaînement, le délire du public, à l’instant- même où s’éteint la dernière note d’un opéra ? C’est que la voix communique en direct les émotions des héros. L’art lyrique est, par excellence, le mode d’expression de l’amour et de la mort jusqu’à la folie. Parce qu’il est musique, parole et cri, et que ses ressources sont infinies, l’opéra exacerbe les désirs des héros ; il clame, jusqu’à la déraison, la douleur de vivre et rencontre les passions les plus secrètes de l’âme humaine : l’ambition ou la jalousie jusqu’au dérèglement de l’esprit, voire jusqu’au meurtre.
Après une « ouverture » remarquable de finesse et de clarté, trois mélomanes, ayant aussi une connaissance professionnelle de la folie en tant que psychiatres et psychanalystes, montrent comment, de Claudio Monteverdi à Benjamin Britten, l’opéra baroque, classique, romantique ou contemporain traduit les symptômes de son temps. Sous cet éclairage, ils analysent en détail l’argument et la musique de nombreux opéras. Ce long essai passionnera les fous d’art lyrique qui le liront intégralement. À petite dose, il peut aussi être utilisé par les non initiés comme une excellente introduction à un spectacle déterminé. Un ouvrage de référence.