Rachel, zoologue anglaise passionnée par l’étude du comportement des loups, vit en symbiose avec la nature dans une réserve de l’Idaho. Propriétaire d’un vaste domaine en Combrie, un riche comte anglais lui propose de diriger un projet de réintroduction du loup. Elle s’agace de cette décision aristocratique : l’aventure lui semble risquée et le parc sous-dimensionné. Mais, enceinte, elle se résout à mettre un terme à son nomadisme et rentre en Combrie, pays de son enfance. Tout en dirigeant le programme, elle se rapproche de son frère, tous deux poursuivis par la figure tutélaire d’une mère atypique, récemment décédée. Dans un long récit d’une grande densité Sarah Hall (La belle indifférence, NB avril 2013) tisse un roman aussi subtil qu’original dont le complot n’est pas absent. La présence invisible des loups, animaux mythiques de nos peurs ancestrales, donne le ton de ce conte moderne. Avec finesse, l’auteur analyse les interrogations de l’héroïne sur la maternité et les liens compliqués qui l’unissent à sa mère. Les questionnements sur l’amour, la transmission, la compétition politique, nationale ou territoriale, font écho à son cheminement intime. La belle écriture insère sans heurts narration et dialogues et les descriptions restituent la prégnance d’une nature sublime, encore sauvage. (M.R. et D.D.)
La frontière du loup
HALL Sarah