Il y a neuf ans, Louise a donné naissance à une petite Angèle. Peu de temps avant, sa propre mère est morte, épuisée par une vie de désordres et de vaine course au bonheur. Louise recueille un drôle d’héritage : une fragilité incommensurable avec des crises d’angoisse, des peurs irrationnelles. Elle se terre, fume, se drogue. Heureusement, il y a Pablo, son mari, un bouclier aimant, aussi léger et dynamique qu’elle-même est mélancolique et « inamusable ». Et puis, il y a son père, figure tutélaire, toujours disponible pour elle. Alors, elle s’interdit la tristesse, pour elle et pour l’enfant. Justine Lévy n’en a pas fini avec son passé traumatisant (Mauvaise fille, NB novembre 2009). Avec spontanéité et sincérité, elle tente de se rassembler : elle sera une mère sécurisante, elle le veut ; ses enfants seront aguerris. Flash-back, images obsédantes, blessures à vif sont autant de maux – mots – qui s’entrechoquent et qui agressent. C’est plein de larmes mais pas larmoyant. L’innocence de l’enfance, ses questionnements, l’empêchement de s’aimer et d’être aimé rythment une écriture alerte, drôle, souvent familière, cruelle et tendre à la fois. Cette trépidante plongée en eau trouble débouche sur un avenir déculpabilisé et réconcilié.
La gaieté
LÉVY Justine