La générosité de la sirène

JOHNSON Denis

Le romancier américain, disparu en 2017, était connu pour son réalisme et sa dérision. C’est à titre posthume que paraît ce recueil de cinq nouvelles. Les situations inhabituelles qu’elles dépeignent présentent un dénominateur commun : le portrait d’hommes fragilisés par la drogue, l’alcool, la prison ou affrontant la mort. Le narrateur, soit simple témoin soit partie prenante, juxtapose les scènes, décrit des hommes à la dérive, évoquant une succession de souvenirs. Depuis son centre de désintoxication, un patient se libère en écrivant des lettres à sa famille, au pape ou à Satan. Un écrivain accompagne un ami dans sa maladie et ses hallucinations jusqu’à son agonie. Elvis Presley obsède un autre compagnon. On sent la proximité, voire la complicité, de Denis Johnson (Les monstres qui ricanent, NB mai 2015) avec ses personnages. L’écriture neutre raconte, suggère sans expliquer. L’ensemble demeure, malheureusement, d’intérêt inégal : certaines nouvelles sont fortes, d’autres plus confuses. (J.D. et A.Le.)