Paris 1955. Gabrielle Valoria, orpheline d’un père collaborateur, occupe avec son jeune frère Simon l’appartement familial au Palais Royal. Elle vivote de menues tâches d’écrivain public et doit céder meubles et tableaux pour survivre, quand elle reçoit d’étranges missives de Léon Drameille lui proposant un marché rémunérateur. Il désire se venger de la spoliation littéraire que Sidonie Porel lui a fait subir. Gabrielle lui semble la personne adéquate pour approcher la femme de lettres, prix Goncourt 1922, devenue présidente du jury de ce prix. L’auteur, écrivain aguerri (Dictionnaire amoureux de Paris, NB janvier 2016), réutilise le procédé des Fidélités successives en mêlant personnages réels et imaginaires. Le monde artistique de l’entre-deux-guerres et des années cinquante, du bal masqué d’Anna de Noailles aux réceptions de Gallimard, est évoqué avec allant. Le foisonnement de personnages secondaires entraîne des rebondissements nombreux et bien conduits dans le Paris des hôtels particuliers tout comme dans ses bas-fonds. La trahison et le mensonge traversent tous les milieux où règnent calcul et manipulation. Un rythme soutenu emporte le lecteur à la découverte de deux femmes de générations différentes. Ce copieux roman-feuilleton au suspense puissant se lit facilement jusqu’à un dénouement un peu surprenant. (J.D. et B.T.)
La gloire des maudits

ESTIENNE d'ORVES Nicolas d'