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Autrefois le monde ne connaissait que deux couleurs : le noir de la nuit et le blanc du jour. Or les dieux s’ennuyaient dans ce monde oĂč, pour le reste, tout Ă©tait gris. Ils cherchĂšrent des couleurs porteuses de joie, et les rangĂšrent soigneusement. Mais les teintes se mĂ©langĂšrent et donnĂšrent naissance Ă bien des nuances. Pour ĂȘtre sĂ»rs qu’elles ne disparaissent pas, ils en parĂšrent le perroquet qui devint ainsi garant des couleurs et des idĂ©es qu’elles suggĂ©raient.Â
LĂ©gende originaire du Chiapas au Mexique, racontĂ©e par le vieil Antonio Ă son ami le sous-commandant Marcos, « passeur» des mythes indiens. L’illustration emprunte aux arts premiers avec ses personnages brossĂ©s en « touches larges», Ă peine soulignĂ©s de traits fins. Le chaos des origines jouant du noir et blanc, subtilement rehaussĂ©s de vert et de bleu sourds mĂȘlĂ©s au gris, cĂšde progressivement la place au rouge du sang, au vert de l’espĂ©rance, au brun sorti de la terre, au bleu du ciel, gouttes tombĂ©es sur les hommes, sources d’Ă©motions diverses… Des couleurs nuancĂ©es, qui donnent naissance Ă un monde qui pourtant, reste un peu sombre ou en demi-teintes.