La Grande Idée

BERABER Anton

Un étudiant s’intéresse au survivant d’un conflit vieux de cinquante ans et mène l’enquête auprès de rares rescapés vieillis, oubliés, qui, souvent, se contredisent. Entre les deux guerres mondiales, Saul Kaloyannis, personnage énigmatique symbolisant les chimères de La Grande Idée, a été chassé d’Asie Mineure par les Turcs, a résisté et échappé difficilement aux forces qui le traquaient en Grèce, a rencontré un amiral flamboyant avant de gagner l’Amérique où son destin l’a entraîné toujours plus loin vers l’inconnu.  À partir de l’expression traduisant le sentiment nationaliste grec au tournant des XIXe et XXe siècles, Anton Beraber, pour son premier livre, écrit à la fois une épopée et une odyssée dont chaque volet évoque, dans une zone géographique terrestre ou maritime différente, des faits cruels et brutaux pour la plupart. L’orientalisme et la légende se mêlent dans un texte très dense, parfois difficile à lire, mais magnifiquement écrit. Mêlant le trivial à la poésie, l’auteur étonne et laisse parfois le lecteur désarçonné par les méandres de sa pensée, le mélange des genres et l’imbrication des récits. Le style ample, volontiers visionnaire, atteint des sommets en particulier dans la description d’une tempête. (J.M. et C.R.P.)