La lecture de Thucydide – et, en arrière-plan, celle de Sophocle – conduit à une réflexion sur la grandeur de l’homme au Ve siècle avant J.-C. : l’intelligence humaine concrétisée dans les choix politiques de Périclès n’exclut pas la conscience morale – la prise en considération de l’autre – nécessaire à la démocratie. De cette profonde humanité, les héros témoignent, dans leurs défaites mêmes, suscitant admiration et pitié. Comment ne pas sortir grandi de la fréquentation de ces oeuvres ?
Jacqueline de Romilly ne dit rien, dans cet essai, qu’elle n’ait déjà développé ailleurs (avec Monique Trédé, Petites leçons sur le grec ancien, NB février 2009), plus finement. Elle le répète, avec force, comme poussée par le sentiment de l’urgence. L’analyse est ici simplifiée par son articulation à un nombre de textes réduit, au profit de l’éloge et d’un message de moraliste. Le propos est limpide : à lire ou relire ces grands auteurs, le lecteur contemporain trouvera, peut-être, un remède au mal de vivre, l’élan, l’enthousiasme qui font défaut pour croire en l’Homme, malgré les crises de la civilisation.