Béatement heureuse au fond de son puits, la grenouille n’imagine pas une seconde que le monde pourrait bien être différent de son petit espace rond et bleu. La maladie a frappé les jujubiers, forçant l’ami des singes à réduire, bien malgré lui, leurs portions quotidiennes. Mais il faudrait voir à voir : les animaux, qui ne sont pas d’accord, s’avèrent de rusés négociateurs. Avec la première de ces deux fables, la sagesse traditionnelle chinoise pousse le lecteur à voir plus loin que le bout de son chez lui, la morale étant que notre univers est fonction du regard qu’on lui porte. La seconde l’entraîne à considérer sa manière d’être avec les autres, en usant et abusant de leurs faiblesses. Les illustrations à l’encre plus quelques touches d’aquarelle présentent les animaux en mouvement avec délicatesse et simplicité. Les proverbes calligraphiés en caractères chinois présentés en fin de « chapitre » font référence au Chengyu, sorte de proverbe chinois, résumé en quatre idéogrammes des points essentiels d’une anecdote. (M.-F.L.-G.)
La grenouille et les singes
CLASTRES Geneviève, JOLIVOT Nicolas