Début du XVIe siècle, en Allemagne, Martin Luther prépare la Réforme protestante. Il publie ses « 95 thèses » contre les indulgences dont l’Église catholique fait commerce pour financer la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome. C’est une véritable déclaration de guerre contre le pape Léon X.
Bientôt, dans les campagnes, la révolte gronde. Entre 1524 et 1526, des paysans prennent les armes par milliers. Ils clament leur foi dans la Réforme et affirment leur volonté de bouleverser l’ordre politique, économique et social. Luther les désavoue et fait alliance avec les Princes. Mais un autre moine, Thomas Müntzer, prend leur tête. Son mot d’ordre est révolutionnaire : « Omnia sunt communia », « Tout est à tous ».
Quel BD, quel récit épique, quel souffle retranscrit pas les auteurs ! Avec une narration de haute volée de Gérard Mordillat, sublimée par le dessin généreux d’Éric Liberge -proche sans aucun doute d’un Bruegel contemporain- cette oeuvre, car il s’agit bien d’une oeuvre, suit au plus près la période historique où la papauté vacillât… sans jamais s’effondrer tant la collusion avec les hommes de pouvoir était importante.
Ce récit d’une guerre implacable d’un côté contre les inégalités sociales et économiques et de l’autre du maintien du statu quo des dirigeants de l’époque (nobles, bourgeois, clergé) résonne d’une grande force par sa beauté certaine et son propos construit.
(MT)