L’évolution historique et sociale de l’Espagne débouche en 1936 sur une situation fatalement explosive. Dans une nation inachevée, en retard sur son siècle, des partis politiques aux objectifs divergents, des leaders ambitieux, l’Église, l’armée sont les acteurs d’un drame où le débat démocratique va être remplacé par un affrontement armé, cruel et sanglant. Les grandes puissances vont transposer dans ce conflit les ambiguïtés de leur politique européenne, privant les Espagnols de la maîtrise de leur destin. Appuyé sur cartes, notes et références, le récit détaillé des opérations militaires et de l’évolution des situations politiques nécessite une attention soutenue. Prolongé après la fin du conflit, il éclaire les positions des futurs protagonistes de la seconde guerre mondiale et des affrontements qui la suivront. L’approche, qu’il veut impartiale et humaniste, l’amène à conclure ainsi son introduction : « les jugements d’ordre moral devraient être laissés aux seuls lecteurs. » Sans le souffle quasi-romanesque très remarqué dans La chute de Berlin (NB novembre 2002), une oeuvre de grande qualité.
La guerre d’Espagne
BEEVOR Anthony