Quelque part en Italie, au début du XXe siècle, l’élégant petit-déjeuner quotidien rassemble la famille, ses amis et ses commensaux sous l’oeil attentif du majordome, lorsque sonne la cloche d’entrée au château. « Je suis la Jeune Épouse » s’annonce, avec une révérence, une séduisante personne tout droit arrivée d’Argentine. L’ennui, c’est que le Fils, l’époux à venir, parti en Angleterre, a disparu. Qu’importe ! La Jeune Épouse attendra, apprendra à vivre avec grâce les rituels minutieux de ce lieu où chacun a son histoire secrète et la hantise de la nuit pendant laquelle s’arrêteront un jour de battre les coeurs. Elle lèvera cette malédiction et découvrira les mérites infinis du sexe. Cette folle histoire d’amour déconcerte d’abord : irréalité, narration circulant entre personnages et auteur… Elle séduit très vite. Le récit évoque joliment une époque, une classe sociale. Les épisodes poétiques, savoureux, inattendus ou cocasses, tissent une trame souterraine, entrecroisent les fils mystérieux reliant attente, séduction, amour et mort. Alessandro Baricco (Trois fois dès l’aube, NB mai 2015) maîtrise ces enchaînements avec une mélancolie rêveuse, s’introduit entre deux paragraphes, s’interroge sur la pente que prend sa vie, la formulation d’une phrase ou sa manière d’écrire : elle paraît ici particulièrement aboutie. (M.W. et C.-M.M.)
La Jeune Épouse
BARICCO Alessandro