La première fable met en scène un marchand ambulant de boucliers et lances. Sur le marché animé, il vante les qualités de solidité de ses boucliers, impénétrables au javelot le plus puissant. Devant le scepticisme de clients potentiels, le colporteur bonimente de plus belle pour affirmer que ses lances sont si acérées qu’elles peuvent transpercer le plus résistant des boucliers. Un passant avisé vient alors semer le doute… Dans la seconde fable, au cadre de bord de mer, une bécasse fond sur une proie qu’elle a repérée, une palourde qui baille au soleil. Las pour elle, le mollusque est prompt à la détente, et lui cloue le bec effilé. Aucun des deux protagonistes ne veut lâcher prise. Et c’est un pêcheur bredouille qui, sans attendre, voit là un fameux festin à rapporter chez lui. L’illustration, aux couleurs douces, convient tout à fait à la poésie de ces textes. Dans un foisonnement de miniatures détaillées, les personnages en plein mouvement arborent des mines expressives. Le trait est à la fois délicat, fin et précis. Avant-scène et arrière-plan du marché villageois asiatique alternent avec un focus sur le combat inégal de la bécasse et la palourde. (M.-C.D.)
La lance et le bouclier
CLASTRES Geneviève, THOMMEN Sandrine