« Hier, je suis devenu grand ». Ainsi commence le récit d’un garçon de dix ans qui accompagne son père au « marchipisse » pour la première fois. Il s’agit en fait du marché aux puces où l’on peut faire des affaires. À la première personne, l’enfant décrit sa famille, déracinée d’Algérie, vivant chichement dans une baraque depuis vingt ans, parlant arabe entre eux ou très mal le français, alors que les enfants sont scolarisés. On suit le père et le fils de stand en stand : l’envie d’acheter un jouet, la nécessité de remplacer les chaussures et l’urgence de l’achat de la nourriture pour tous. L’adulte protège l’enfant, mais c’est le fils qui maîtrise la langue, la lecture et permet l’intégration.
Une histoire, à la fois légère et grave, sur la vie des familles tiraillées entre la fierté de leurs origines, le rappel du pays et la nécessité de conduire les enfants à l’âge adulte. Azouz Begag revient encore une fois sur ses souvenirs personnels dans ce style fluide et faussement naïf qui a fait le succès du Gone du Chaâba.