Dans les Caraïbes des années trente à Malagita, village pauvre d’une immense plantation de canne à sucre, Luisa, fille d’un des propriétaires du domaine et d’une domestique, découvre la vie. Curieuse de tout, elle apprend peu à peu sa différence, le mépris de sa grand-mère paternelle et, auprès de sa Nana maternelle, la vie dans l’île. Rejeté par sa propre mère et craignant une révolution, son père emmène femme et enfant à New York. Une vie misérable les y attend dans un “barrio”.
Abandonnant l’école, Luisa choisit d’être servante ; elle observe ses différents et excentriques patrons dont elle dresse le portrait avec drôlerie. Élevant seule son propre fils, elle se protège du monde extérieur et s’épuise de travail pour échapper à l’emprise lancinante de Malagita. Pourra-t-elle indéfiniment fuir la réalité ?
Étonnante romancière, déjà remarquée dans Le dieu des cauchemars (NB octobre 2004), Paula Fox campe ses personnages dans un contexte humain et sociologique dur, mélangeant tout à la fois obstination, tristesse et humour. Entre rêve et réalité, l’auteure dépeint avec force l’existence d’une femme digne, silencieuse et attachante. Au gré des événements, l’écriture sensible permet au lecteur d’accéder à la réalité de la vie sans se laisser “empoisonner” par la détresse humaine.