En septembre 1939, Arthur Koestler (1905-1983), brillant intellectuel juif, est correspondant à Paris d’un journal anglais. Il a la double étiquette de militant communiste, devenu antistalinien, et d’antifasciste engagé. Le déclenchement de la guerre va l’entraîner dans un univers kafkaïen : bien qu’anti-hitlérien déclaré et citoyen d’un pays neutre, il va connaître le sort réservé aux étrangers soumis à un arbitraire administratif teinté de xénophobie et d’antisémitisme. Il raconte les tracasseries, les cheminements absurdes, les arrestations, qui l’amèneront jusqu’au camp de détention du Vernet, d’où sa sortie ne sera pas plus conforme à la logique que son arrivée ! L’auteur décrit sans indulgence la France et les Français de la drôle de guerre et les causes de leur proche effondrement. Ayant rejoint Londres en octobre 1940, il publie sans attendre ce récit autobiographique qui ne sortira en France qu’en 1946. Si la description de la vie quotidienne peut paraître aujourd’hui un peu lassante, elle n’en reste pas moins un témoignage historique attachant et instructif. Le questionnement et l’incrédulité de l’écrivain engagé qu’était alors Arthur Koestler sont d’une poignante actualité.
La lie de la terre
KOESTLER Arthur