La Ligne de courtoisie

FARGUES Nicolas

Curieux narrateur ! D’une politesse et d’une propreté quasi-obsessionnelles, remerciant, s’excusant, nettoyant, il se laisse exploiter et humilier tout en maintenant un quant-à-soi impitoyable. Sous les avanies, il détaille la médiocrité des caractères, la muflerie des attitudes, les hygiènes corporelles douteuses… Sa situation n’est pas brillante : écrivain en panne après un beau succès, il doit affronter deux enfants, jeunes adultes affligés des travers de l’époque, un frère jaloux et une ex vindicative… Il part pour Pondichéry recommencer sa vie, rate ce nouveau départ et finit par dépasser sa « ligne de courtoisie », explosant sous les coups du sort.

 

Ce roman est loin d’avoir l’intensité et la profondeur du précédent, Tu verras (NB avril 2011), qui traitait de la mort d’un enfant. Ici, le personnage sent parfois la fabrique. L’histoire, trop mince, peine à se terminer. Reste le style ; le mot froid, clinique, volontiers scientifique pour mieux marquer la dérision ou la déréliction ; des dialogues réduits au minimum percutant, minables oasis des déserts relationnels (le dîner familial d’adieu en donne un échantillon exemplaire). Nicolas Fargues sait arpenter ces territoires.