Curieux narrateur ! Dâune politesse et dâune propretĂ© quasi-obsessionnelles, remerciant, sâexcusant, nettoyant, il se laisse exploiter et humilier tout en maintenant un quant-Ă -soi impitoyable. Sous les avanies, il dĂ©taille la mĂ©diocritĂ© des caractĂšres, la muflerie des attitudes, les hygiĂšnes corporelles douteuses⊠Sa situation nâest pas brillante : Ă©crivain en panne aprĂšs un beau succĂšs, il doit affronter deux enfants, jeunes adultes affligĂ©s des travers de lâĂ©poque, un frĂšre jaloux et une ex vindicative⊠Il part pour PondichĂ©ry recommencer sa vie, rate ce nouveau dĂ©part et finit par dĂ©passer sa « ligne de courtoisie », explosant sous les coups du sort.
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Ce roman est loin dâavoir lâintensitĂ© et la profondeur du prĂ©cĂ©dent, Tu verras (NB avril 2011), qui traitait de la mort dâun enfant. Ici, le personnage sent parfois la fabrique. Lâhistoire, trop mince, peine Ă se terminer. Reste le style ; le mot froid, clinique, volontiers scientifique pour mieux marquer la dĂ©rision ou la dĂ©rĂ©liction ; des dialogues rĂ©duits au minimum percutant, minables oasis des dĂ©serts relationnels (le dĂźner familial dâadieu en donne un Ă©chantillon exemplaire). Nicolas Fargues sait arpenter ces territoires.