À Latvala, en Finlande, comme tous les étés, Lassi retrouve ses deux cousins, Sonja et Léo, dans la ferme de son oncle. En marge des travaux des champs, les trois enfants, que lie une amitié fusionnelle, vivent dans un monde à eux. Cette année-là – Lassi a treize ans – Sonja initie les deux garçons au plaisir : ils découvrent le vertige du corps et l’exaltation d’une union à trois au goût d’éternité. Tout s’écroule quand Sonja se tue en tombant de la charrette qui les ramène d’une journée de fenaison.
L’été finlandais, lumineux ou lourd d’orage selon la tonalité du moment, enveloppe de sensualité un récit qui se lit comme une métaphore de La Chute : Rax Rinnekangas (dont c’est le premier roman traduit en français) décrit avec justesse l’audace innocente qui conduit ses jeunes personnages, encore nimbés d’enfance, à la découverte heureuse d’eux-mêmes. Mais la religiosité intransigeante et austère de la communauté annonce, dans l’ensoleillement du début, les thèmes sombres abordés ensuite qui sonnent le glas de l’enfance : le chagrin et l’émergence du sentiment de culpabilité. Tout en contrastes, l’expression des émotions est servie par une écriture dense, parfois brutale.