Cherchant un dessus-de-lit pour son petit garçon, Emma retrouve dans une commode un boutis de trois mètres sur trois. Début d’un retour en arrière. Emma arrive à Berlin en 2013, décidée à écrire sur les conditions de vie des prostituées. Dans cette ville, les bordels sont autorisés. Pensant que l’expérimentation in situ est la meilleure source d’inspiration, Emma, âgée d’une vingtaine d’années, devient Justine. Durant deux ans, elle exerce le plus vieux métier du monde. D’abord au Manège, puis à La Maison. Voulant démontrer la possibilité d’une prostitution heureuse, Emma Becker, née en 1988, publie un roman sulfureux. L’investissement personnel qu’elle a consacré à son étude est très audacieux. Dépassant le thème du bordel, elle s’interroge sur la condition féminine, le désir, la sexualité. Une construction malhabile, des longueurs et des scènes forcément répétitives sont les défauts de cet ouvrage, compensés par de belles envolées lyriques évoquant avec nostalgie les moments de joie, de dégoût, de peur aussi partagés, avec ses « soeurs » dont elle dresse de touchants portraits. En termes crus, comédie et tragédie cohabitent dans la maison de tous les fantasmes. (A.-C.C.-M. et M.F.)
La Maison
BECKER Emma