Agojaraq naît dans le Grand Nord canadien, vers 1930. Sa mère part très vite avec un Inuit de passage et il est élevé par les cinq hommes qu’elle a connus juste avant sa naissance, deux « pères » et trois « oncles ». Ils ont engagé une vieille nourrice, et une grande tendresse unit cette famille originale. Sur une vingtaine d’années se déroule la chronique des petits riens quotidiens et des aventures à mi-chemin entre vérité et affabulation que vivent ces « Hommes », chasseurs infatigables et remarquables buveurs. La vie est rude et certains ne sont pas des saints, mais la solidarité est sans faille, et l’harmonie avec la nature jamais factice.
Jørn Riel a une connaissance très réelle et très fine du monde esquimau qui a nourri ses nombreux romans (La circulaire et autres racontars, NB décembre 2006). Sa langue est précise, avec des richesses inattendues et savoureuses, mais il séduit surtout par son humour tonique qui déclenche le rire même quand l’heure est grave. Tout comme l’eau-de-vie omniprésente, véritable potion magique qui permet de tout affronter, la bonne humeur constante de l’auteur transforme le roman en voyage vivifiant dans un univers dépaysant et singulièrement beau que l’on ne quitte qu’à regret.