1975 : Suzanne, dix-sept ans, née à Gaza, retourne avec sa mère à Beer Sheva, voir la maison où vécut celle-ci et où vivent désormais des Juifs qui l’en ont chassée. Elle appartient à une grande famille qui n’a jamais accepté son père d’origine plus modeste ; elle épouse un Algérien à son tour exilé. 2004 : elle revient, retrouve sa terre natale, mais ne peut entrer dans Gaza. Elle décide de ne plus jamais retourner en Palestine. Entre ces deux moments bouleversants, elle dit sa vie d’exilée, d’abord en Arabie saoudite puis en Algérie, enfin en France.
Actuellement professeur d’arabe à Nantes, Suzanne El Kenz tient à montrer à son fils la terre de ses ancêtres, mais en est empêchée. La dépossession et l’expulsion de la maison d’enfance, l’occupation israélienne sont au centre de sa douleur, ce qui ne l’empêche pas de se sentir proche de certains habitants, comme les Samaritains de Naplouse. Son récit est le cri d’une femme jamais tout à fait à sa place depuis qu’elle est née, dont la vie est une succession de pertes et de déchirements. Un très beau texte, ode à Gaza, ville assiégée, terre d’enfance, perdue à jamais, dans un style parfois lyrique, empreint de nostalgie.