Depuis la Bretagne, en octobre 1888, Paul Gauguin rejoint Arles où son ami Vincent Van Gogh a loué une petite et inconfortable maison jaune. Les deux artistes peignent des sujets souvent similaires, comparent leur oeuvre, dissertent sur l’actualité artistique, se déchirent et se perdent dans l’alcool et le sexe. Démuni, incompris, Vincent sollicite souvent son frère Théo, marchand d’art. Paul commence à être reconnu. Le 22 décembre Vincent se tranche l’oreille ; Paul le quitte, essayant de s’expliquer ce geste fou. Van Gogh meurt en 1890, Gauguin en 1903. Critique d’art, Martin Gayford recentre, dans ce livre érudit et précis, les événements survenus durant quelques semaines de cohabitation, d’émulation féconde et tragique entre les deux créateurs. Il inscrit ces moments de leur biographie dans la vie provençale et celle de la société culturelle de l’époque. L’auteur analyse leur comportement, associant résurgences littéraires, hérédité, alcoolisme, syphilis, dérèglement psychiatrique. Étudiant composition et technique picturale, s’attardant pertinemment sur les influences et les relations des deux protagonistes, ce récit écrit avec distanciation n’éveille pas d’émotion, mais il éclaire la psychologie de ces géants de la peinture dont certaines oeuvres emblématiques sont reproduites dans un ouvrage très documenté. (A.C. et C.R.P.)
La maison jaune : Van Gogh, Gauguin, neuf semaines tourmentées en Provence
GAYFORD Martin