1958 à Cuba sous Battista. Touffeur languide et exotique, charme assuré d’une bourgeoisie tolérante, ferveur romantique et ferment révolutionnaire : l’atmosphère est singulière, explosive. Entraînée par son amie Dolorès, la rétive, fille de la cuisinière, la riche et tendre héroïne, encore adolescente, rejoint les « barbus » dans la sierra. Elle vit là avec leur chef trentenaire, un certain flamboyant Fidel, une passion éphémère qui la laisse pantelante.
La première partie du nouveau roman du Franco-cubain Eduardo Manet (cf. La conquistadora, N.B. juillet 2006) est parcourue d’un souffle vivant, presque épique, relevé d’un intérêt quasi documentaire sur cette période décisive de l’histoire de l’île. Le récit lanterne ensuite, s’égare à travers le monde, de Boston à Malmö, de Bordeaux à Madrid. Le portrait en contrepoint du Lider Maximo, l’analyse de la dérive de la révolution vers la dictature, sans concession mais sans caricature, permettent à la seconde partie d’échapper à une banalité un peu bavarde.