La soeur de Sylvain est chez elle, à Reims, entre une tourterelle affectueuse et un petit escargot ; elle lit le récit de la dernière maladie de Susan Sontag, fait par son fils, quand elle apprend que Sylvain a une leucémie. Elle est romancière et lui ouvrier agricole, exposé dès l’adolescence aux produits phytosanitaires dangereux. Elle va le voir jusqu’au bout, à l’hôpital, et se souvient de leur jeunesse. Gisèle Bienne (L’étrange solitude de Manfred Richter, NB juin 2013), bouleversée dans sa quiétude studieuse, est très proche de son frère qui a partagé ses jeux et ses rêves d’enfance à la ferme familiale, avant Monsanto et les entreprises tueuses… Sa réflexion, au fil des jours, croise des personnages intéressants, subtilement mis en scène. Le style est léger, spontané, poétique. Amour et souffrance sont magnifiquement peints, sans pathos. Les lieux présents et passés chantent une douce musique qui fait davantage ressortir l’avidité et le manque de scrupules des entreprises productrices de pesticides, et le drame d’un cancer inévitable, malheureusement récurrent dans le monde agricole. Le titre est percutant et l’histoire poignante. (E.B. et C.-M.T.)
La malchimie
BIENNE Gisèle