Dublin 2008. Claude, un jeune Français, est analyste financier à la Bank of Torabundo qui subit, comme d’autres, le krach financier parti des États-Unis. Il n’a pas de vie en dehors de la banque, scrute son écran d’ordinateur, est sans arrêt sur la brèche, ce qui lui évite de se poser des questions sur le sens et la portée de ce qu’il fait. Paul, un écrivain raté, s’intéresse cependant à lui et pense avoir trouvé là matière à un roman, quitte à inspirer au jeune analyste une aventure humaine et l’obliger à sortir de son enfermement professionnel : la vie de Claude va s’en trouver perturbée. Au départ, la plongée dans les arcanes de la haute finance peut paraître fastidieuse. Le talent de Paul Murray (Skippy dans les étoiles, NB avril 2013) consiste à y introduire par contraste des personnages vivant dans un quotidien différent et peu excitant. La naïveté des uns, le culot des autres agissent comme des révélateurs et participent au comique et à la satire. Le milieu littéraire et artistique, la part d’esbroufe et de manipulation dans les relations sont mis en scène avec un humour féroce. La vraisemblance cruelle du récit suscite tour à tour rictus moqueur et émotion réelle. (M.-A.B. et S.L.)
La marque et le vide
MURRAY Paul