La Mélodie familière de la boutique Sung

Ex Berlin-Est. C’est la « semaine cosmopolite » : chaque élève d’origine étrangère doit présenter un objet culturel de son pays. Minh, huit ans, apporte une marionnette vietnamienne, dont Hien, sa grand-mère, raconte la vie, déchaînant l’enthousiasme des spectateurs. Travailleuse immigrée au temps de la RDA, Hien a épousé un compatriote, et leur fils, Sung, a ouvert en 1990 une boutique prospère. Professeurs et enfants fabriquent aussitôt des marionnettes pour réclamer une école plus grande : grand succès ! Robes de soie chatoyante, chapeaux coniques, fruits exotiques, ponts de singe envahissent le quartier de Prenzlauer Berg. Les deux communautés se découvrent…   Ce premier roman d’une jeune Allemande est un conte de fées très contemporain. Il raconte de façon charmante comment la culture vietnamienne, aux antipodes des us et coutumes berlinois, conquiert les coeurs, en commençant par les enfants, heureusement curieux de tout. La grand-mère concentre les rôles traditionnels : enfant de la guerre, orpheline, jeune fille exploitée bravant le sort, épouse et mère aimante, vieille dame douce, tenace et discrète magicienne. Tous les personnages sont attachants et souvent émouvants. On rit aussi car Karin Kalisa a une plume vive, gentiment ironique, et un bel optimisme contagieux – sans la moindre mièvrerie. (D.C. et M.-C.A.)