Elle rêve d’une femme étendue morte dans un ravin. Cette vision la hante tandis qu’elle se remémore sa liaison avec un homme fou de lecture et peu aimable avec elle ; comme leur amour est terminé, elle l’appelle « d’avant » ou Davant. Elle se souvient des épisodes parfois violents de leur vie à deux, fragmentée et inégale. Il vient d’une famille ouvrière dans les mines, elle-même a eu des parents bourgeois, plutôt affectueux. Mais elle est poursuivie par une phrase de son amant « un jour je finirai par me tuer », que la mémoire de l’air conserve autour d’elle. Ce très court roman en forme de monologue est aussi évanescent que son titre. Même une scène de viol est racontée comme un rêve. Dans un ouvrage précédent, La Chienne de Naha (NB avril 2012), l’auteur donnait un conte étrange et cruel sur le mal-être des Indiens du Mexique. Ici, rien de semblable, tout se passe en France dans une région anciennement sidérurgique, en partie abandonnée. Mais peu importe le cadre banal et l’histoire dont la fin est aussi mystérieuse que le début, c’est la jolie écriture qui retient l’attention.
La mémoire de l’air
LAMARCHE Caroline