En 1925, l’auteur à succès, Alexandre Garber, est en pleine gloire. Intrigué par une photo sur laquelle un ancien camarade est présenté comme un des chefs de la Loubianka, il décide d’ajouter à ses oeuvres complètes un dernier chapitre évoquant une conspiration à laquelle il participa en Galicie en mai 1914. Le récit commence en 1912. Dans cette province orientale d’Autriche-Hongrie, le déclin de l’Empire se fait largement sentir : climat social agité, antisémitisme aggravé par l’afflux de Juifs émigrés, espionnage et manipulation généralisés.
Pour décrire cette atmosphère troublée, plutôt que des faits, Michael André Bernstein privilégie des portraits très fouillés de personnages-clés : un comte-gouverneur inquiet, corrupteur et corrompu, son espion en chef, une jeune sioniste, un rabbin charismatique prêchant la violence, un richissime homme d’affaires juif, avisé, philanthrope, son fils Hans, le révolutionnaire et ses amis aristocrates. Leurs rapports, conversations, pensées secrètes sont analysés avec subtilité, humour et une précision d’entomologiste.
La lecture de ce roman intéressant mais complexe, au rythme très lent, nécessite attention et patience.