Jake est architecte. Il survole, en pleine campagne anglaise, la prison dont il a réalisé les plans. Son fils Henry y est incarcéré. Il pense à lui, à Helen, sa femme. Il les confond parfois. Et si un jour il les oubliait complètement ? Si un jour… Il va avoir soixante ans, il est atteint de la maladie d’Alzheimer.
Au fil des chapitres, la vie de Jake se reconstitue, par morceaux. La mémoire est sélective et intermittente : des portraits de femmes aux personnalités très différentes se dessinent, par touches successives, mais aussi au gré des redites d’une conscience trébuchante. Ils ancrent ce récit d’une dérive dans une réalité mouvante ; tout comme l’évocation de ses enfants, Henry et Alice. Mais la mémoire égarée en vient à douter d’elle-même : qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui est fantasmé dans tout cela ? De quoi sont faits nos souvenirs ? Par une prouesse d’écriture que sert une excellente traduction, Samantha Harvey superpose narration et monologue intérieur, brouillant les pistes, mais gardant une parfaite maîtrise du récit. Seule certitude : l’inexorable progression de la maladie. Roman intelligent et poignant dont l’écho se prolonge bien au-delà de sa lecture.