La mémoire est une chienne indocile

PERLMAN Elliot

Dans un hôpital new-yorkais, Henryk, un vieux juif polonais, se meurt. Employé au service du nettoyage, Lamont, jeune afro-américain, noue avec lui une profonde relation et devient le dépositaire de cette vie marquée par la déportation à Auschwitz en 1944. Un professeur d’histoire à Columbia, juif, blanc, en recherche de lui-même et de son avenir universitaire, s’intéresse à la libération de Dachau par un contingent de soldats noirs américains. À Chicago il découvre, enregistrés par un psychologue passionné par le langage des personnes déplacées, les premiers récits des survivants de la solution finale. Ces destinées vont se croiser, se rejoindre par de miraculeux hasards. Avec une prodigieuse virtuosité et une rare puissance d’évocation, l’auteur de L’amour et autres surprises matinales (NB mars 2008) construit une passionnante histoire où défilent les victimes des idéologies terrifiantes du XXe siècle : celles de l’Holocauste en Europe, et celle du racisme avec la privation des droits civiques des Noirs américains. Des moments d’humanité, d’espérance se glissent dans des passages insoutenables, mais la mémoire reste le thème fondamental du livre : mémoire historique pour s’identifier, familiale pour bâtir son identité, indispensable bien ultime. Un talentueux et long plaidoyer antiraciste.