Africaine de vingt-trois ans, Jacqueline erre sur les rivages ensoleillés de Santorin. Pour se nourrir, elle récupère les restes des touristes dont elle masse les pieds sur la plage pour quelques euros… Hantée par les conseils que sa mère disparue lui prodigue de l’au-delà, elle essaye de fuir son passé douloureux au Liberia, alors en proie à la guerre civile. Pourquoi et comment a-t-elle échoué sur cette île ? Peut-elle échapper à la solitude qui la mine, à ses souvenirs, et retrouver sa dignité dans une nouvelle vie ? Dans la ligne d’Indigne (NB avril 2013), Alexander Maksik traite ici du désarroi et de la difficulté de se reconstruire après l’écroulement d’une existence. La personnalité complexe de l’héroïne, immigrée clandestine, est attachante, comme ses rencontres à la fois recherchées et redoutées, dans un cadre insulaire grec pittoresque. Si la façon parcimonieuse dont sont dévoilées peu à peu les épreuves qu’elle a traversées attise d’abord la curiosité, le parcours, semé de redites, est un peu long jusqu’à une explication finale que la construction du roman laisse pressentir.
La mesure de la dérive
MAKSIK Alexander