Au Nigeria, dans le dernier quart du XXe siècle, deux frères jumeaux connaissent des destins différents. LaMamo, fasciné par le métier militaire, fuit sa famille dès seize ans. Mêlé à des combats dans plusieurs pays d’Afrique, il voit des scènes d’horreur, perd un oeil, puis revient mourir au pays. Mamo, atteint d’une maladie congénitale, reste dans son village natal. Réfléchi, il s’instruit autant qu’il le peut, travaille un temps pour l’école, écrit quelques articles. Remarqué, il devient biographe du Mai, le “souverain” local, puis se concentre sur l’histoire du Nigeria. Les personnages forment une fresque vivante et laissent entrevoir une société complexe en devenir : survivances de l’administration coloniale, tabous venus du passé, impacts de ces petits chefs de clan à la puissance dérisoire. Il existe des purs, tel Mamo, et des corrompus, tel son père, des gens englués dans la tradition et des jeunes femmes qui s’en libèrent. On a parfois quelques difficultés à suivre le récit foisonnant, écrit pourtant dans un style agréable et qui se révèle intéressant, rappelant En attendant un ange (NB août-septembre 2004).
La mesure du temps
HABILA Helon