La modestie du monde

Yvonne naît en 1919 dans une ferme de l’ouest de la France. Fille naturelle d’une jeune domestique qui l’abandonne, elle est recueillie par la patronne. Intelligente et travailleuse, elle se plaît à l’école et s’intègre si bien à sa nouvelle famille qu’elle finit par épouser le fils. Ils s’aiment et surtout travaillent sans faiblir. En 1943, elle vit des heures dramatiques en entrant dans un réseau de résistance. Trois enfants naissent, l’exploitation se modernise, mais son mari meurt trop tôt, accidentellement… Quand une autoroute coupe la ferme de ses terres, elle n’attend plus rien de la vie, attachée uniquement à son petit-fils préféré. À travers une austère héroïne, Huguette Hérin-Travers (Les Voies rouillées, NB juillet-août 2010) fait revivre un monde paysan qui a résisté courageusement aux ravages de deux guerres, pour finalement disparaître, victime de la modernité. Le roman est habilement composé. Après le premier chapitre – bilan d’une vie et d’un siècle – qui peut paraître un peu confus car les souvenirs arrivent en désordre, le choix de quelques périodes clés remet les événements dans leur chronologie. Peu d’originalité, des redites parfois, mais l’auteur a su faire de son héroïne un personnage à la fois ordinaire et fort.