S’inspirant d’un conte russe (cf.une autre adaptation par Robert Giraud et Olivier Latyk), l’auteur a choisi d’introduire dans la moufle en premier lieu, un rat, un crapaud, un hibou, puis s’entassent lapin, renard, sanglier, ours – et la fourmi, l’invitée de trop.
Noir, blanc et rouge, jouant avec sa maitrise habituelle de ces tons, Antoine Guillopé donne une dimension fantastique au conte. Les animaux surgissent de la nuit profonde, se tassent dans la moufle comme avalés dans un grand ventre rouge et chaud, et la moufle enfle, jusqu’à envahir la double page, pour que l’ours puisse s’y engouffrer.
La nature de chaque occupant est bien proche de celle des hommes. Les uns s’imposent impoliment, voire avec énergie ; d’autres lassés refusent la bagarre, peuvent être intéressés, et même pris de pitié ! L’image est puissante, le texte joliment rimé, et l’humour grince dans ces entassements forcés, conforté par le motif répété d’une nuit, sans tracas, sans embarras, sans émoi. Les deux moufles ne sortent pas du même atelier, à l’acheteur de choisir.