Il y a très très très longtemps, dans un royaume d’Asie, vivait, perché en haut d’une colline, un cerisier si fier de la beauté pure de sa parure de lourdes fleurs blanches qu’il refusait de s’en séparer. Un jour, une vieille femme fatiguée demande à profiter un léger instant de la fraîcheur de son ombre. Craignant que sa crasse ne le souille, il refuse avec morgue et la pauvresse lui prédit qu’à la pleine lune il se retrouvera nu et dépossédé. Cette vieille femme était en réalité Kuan Yin, la déesse à l’âme remplie de pitié.
Ce texte à l’écriture poétique est dans la tradition du conte de sagesse avec la princesse triste, un roi qui donnerait tout l’or du monde pour voir sourire son aimée et bien sûr la vieille magicienne. Dans cette histoire sur le bonheur du partage, l’arbre est le reflet du narcissisme et de l’égoïsme. L’illustratrice (d’origine chinoise) peint des tableaux au graphisme classique, incrustés de quelques haïkus japonais, et pare de rouge vif la tristesse de la brune princesse, en opposition avec la majestueuse solitude de l’abondante floraison immaculée du cerisier.