En 1903 vit à Johannesburg, avec femme et enfants, Mohandas Gandhi, Indien, fidèle sujet anglais et avocat prospère. Il se consacre à ses compatriotes, marginalisés, humiliés comme lui, et les mobilise. Il rencontre Hermann Kallenbach, architecte juif reconnu, alors qu’il est en train de forger sa théorie de la non-violence. Entre eux naît une passion éblouie, quasi mystique, qui n’exclut pas la sexualité. Désormais, Kallenbach accompagnera Gandhi dans la résistance passive et vivra même avec lui. Aux grèves, protestations, marches et démarches internationales incessantes répondent répressions, emprisonnements, travaux forcés, indifférence… La première guerre mondiale éclate, Gandhi, devenu le Mahatma, la Grande Âme, revient seul en Inde. Gilbert Sinoué (Le souffle du jasmin, NB juin 2010) confie à Kallenbach ce prodigieux récit, apparemment fondé sur les lettres de Gandhi et le journal de l’architecte. La personnalité du grand homme, complexe, messianique, apparaît contrastée : infatigable dans sa lutte pour la justice, il tyrannise son entourage, impose austérité et chasteté draconiennes. La construction spirituelle et politique de Gandhi, l’ampleur de son action transcendent ces pages mouvementées, vivantes, éclairées par l’insolite amitié amoureuse des deux hommes.
La nuit de Maritzburg
SINOUÉ Gilbert