Léo Malet a écrit de nombreux romans noirs dont l’action se déroule à Paris, avec pour héros le détective privé Nestor Burma. Le dessinateur Tardi en a adapté quelques-uns en bande dessinée, le premier, Brouillard sur le pont de Tolbiac (N.B. déc. 1982), marqua les esprits. Il passe le relais à un second couteau qui se révèle un disciple de talent. Moynot reproduit le style de Tardi à la perfection, en l’épurant légèrement grâce à un trait moins gras comportant plus de rondeur. Le résultat est une réussite, la restitution du quartier Saint-Germain des années cinquante – église, monuments, bistrots, voitures d’époque – dans lequel se déroule l’enquête est un régal des yeux, d’authenticité, et de fidélité à Tardi. Les puristes retrouveront la forme en cumulo-nimbus des bulles du maître et découvriront des fonds de cases moins chargées en décors, des couleurs plus adoucies, donnant plus d’espace et de vraisemblance aux personnages.
L’histoire bavarde est alambiquée à souhait. Burma enquête sur un vol de bijoux. Son auteur présumé, un batteur de jazz noir, « a été suicidé » dans son lit. Chance, soixante-douze pages seront nécessaires pour dénouer le mystère !