La nuit de Zelemta

PILHES René-Victor

À Toulouse, en 1953, Jean-Michel Leutier, lycéen, rencontre fortuitement le Kabyle Abane Ramdane, indépendantiste algérien emprisonné. Effrayé par la virulence de l’homme, le lycéen constate lors de ses vacances familiales en Oranie la fracture entre les communautés et s’interroge… L’Algérie s’embrase. Il devient étudiant en droit, mais après l’assassinat d’un proche il résilie son sursis et prend part aux combats. Une nuit, il surprend un groupe suspect, reconnaît Ramdane et le laisse fuir. Celui-ci sera assassiné par ses pairs au Maroc. Puis, grièvement blessé, Jean-Michel est hospitalisé dans son village natal, où il meurt.  René-Victor Pilhes (Le Fakir, NB juillet 1995) prête sa voix à un narrateur fictif : le curé qui a recueilli la confession du lieutenant et décide tardivement de la relater. Une manière de conter avec recul la guerre d’Algérie. Jeune aumônier, il admirait le courage, la lucidité et la maturité du héros et compatissait avec ses souffrances morales. Les deux fortes personnalités sont mises en parallèle et les qualités d’organisateur du leader algérien bien soulignées. En contrepoint, la gaieté, voire l’inconscience des pieds-noirs, incapables de prévoir leur exode massif et douloureux, attirent plus sympathie que blâme. Une peinture relativement neutre d’une période toujours controversée. (S.La. et A.-M.D.)