La nuit quand tu me manques, j’peux rien faire : panorama du village des Wen

NAIQIAN Cao

Vers 1960, le village des Wen, qui fait partie d’une commune populaire sur laquelle un chef venu de la ville exerce sa tyrannie, vit dans une misère totale. Les hommes célibataires ont deux obsessions : la nourriture et le sexe. Les paysans déjouent la surveillance du gardien des champs pour voler maïs et pommes de terre. L’argent destiné à un chantier est détourné pour nourrir les ouvriers. Trop pauvres pour se marier, certains partagent la même épouse. Un garçon, frustré, à recours l’inceste et la zoophilie. L’hiver fini, une femme extrait le coton des doublures de vêtements pour les utiliser en été. La seule issue pour certains : le suicide. Et justement un arbre accueillant les attend.

 

L’auteur des trente nouvelles qui composent le recueil a vécu dans le village des Wen pendant la révolution culturelle. Chaque récit est centré sur un personnage. L’écriture est brute, dépouillée, le langage cru, comme celui de ces paysans, incapables d’exprimer leur détresse et de la partager autrement que par des grossièretés. Leur dénuement apparaît sous une multitude de détails. Le réalisme des situations n’en est que plus brutal. Le sordide et le tragique y côtoient le cocasse. On est loin des clichés maoïstes.