Fin 1988, Ukraine. Gouri, écrivain public à Kiev, part pour Pripiat, en zone interdite, où il vivait quand la centrale de Tchernobyl était en activité. Il veut rapporter en souvenir la porte de la chambre de sa fille, malade. Il s’arrête en chemin, dans un village quasi déserté, chez d’anciens amis qui ont participé avec lui aux travaux d’enfouissement des zones contaminées. Certains sont mal en point… Au dîner arrosé de vodka, les paroles se libèrent. Gouri repart dans la nuit avec l’énigmatique Kouzma pour accomplir sa mission. Le roman, dans l’esprit des précédentes oeuvres d’Antoine Choplin (Le héron de Guernica, NB octobre 2011), s’écoule, calme, dense et poignant. D’abord allusif, il cerne son sujet à mesure que le héros se rapproche des lieux de la catastrophe. L’atmosphère est étrange et post-apocalyptique. Les vies sont bouleversées, les maisons pillées, et la végétation dessine un paysage fantôme, apparemment intact mais silencieux et menaçant. Des détails personnels, significatifs, mettent leur poids humain dans ce désastre aveugle. L’écriture, sobre et toute en finesse, dit juste l’essentiel, en harmonie avec ces personnes simples et dignes, discrètes, dépouillées de tout espoir.
La nuit tombée
CHOPLIN Antoine