En Afrique, les albinos ont la réputation de porter malheur et, en général, on les supprime. Pour qu’il échappe à ce sort, « lui » (il n’a pas de nom) a été envoyé en France chez un oncle. Cela ne l’a pas sauvé pour autant, car là-aussi, il est toujours exclu et rejeté. C’est « lui » qui un jour à 14h 44, armé d’une mitraillette et d’une ceinture d’explosifs, investit une classe de maternelle.Face à lui, Anna la jeune institutrice, et le groupe des enfants, d’où émerge une petite fille, Manon, étonnante de maturité. Le huis clos va durer près de quarante huit heures. Pour traduire la tension dramatique, l’auteur fait alterner de brefs chapitres qui découpent le temps en tranches et expriment les pensées ou les actes des protagonistes, tant dans la situation présente que dans leur passé. Cette construction est intéressante et expose sans fioritures la situation désespérée d’un jeune dont la vie n’a été que solitude, échec et souffrance, et l’évolution de l’institutrice qui se souvient, elle aussi, de son adolescence et qui comprend cet acte. Des poèmes et des références musicales ajoutent à l’émotion.
La peau d’un autre
ARNAUD Philippe